Photographies « Ecluses, Murales, Coques, Rouilles »

Passage de l’Ecluse de Pierre Bénite sur un bateau de la CNR.
Nous rasons les murs. Une trace de peinture, laissée par une péniche passée un peu trop près du mur, a laissé comme une empreinte. Celle d’une histoire éphémère et banale. Je prends ma première photo.

On est à la croisée de l’art pariétal et de la peinture contemporaine. Touchée par cette beauté un peu brutale, née d’une collision, d’un frottement accidentel, je ne peux détacher alors mon regard des parois que nous frôlons lentement, et qui dévoilent un paysage singulier où se sont inscrites les mémoires de ces multiples embarcations enserrées dans l’attente d’une délivrance.

Je suis en quête du moindre détail, de la moindre fissure, de la plus petite éraflure.
Mon œil ne cesse de traquer les témoignages des étreintes de l’eau et de la matière.
Je guette l’insignifiance.

Une fente, une trace, une craquelure, un lichen, une dégoulinure de rouille, une moisissure lovée dans une fissure. J’aime ces altérations magnifiques de la matière, soumise à l’usure du temps et de l’eau. (Marianne Salmon, 2019)